BackUp

Stéphane Desienne
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80. BUS-1

Les back-ups de la section appartiennent à des dirigeants de BackUp inc, des politiciens, des militaires... Des secrets par milliers.
Des révélations explosives, sur le business des cité-dômes, les conflits, les massacres.

Tammy comprend ce que Frank et son père veulent accomplir. Elle comprend aussi ce qu'elle risque.

Perdre ses souvenirs, perdre l'être aimé : Viola. Il lui reste moins de 4 minutes.
La respiration haletante, elle tire sur les suspentes.

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81. Orbite terrestre

Aaron se réveille. Léger. Trop léger. Ses sens, sans dessus dessous, ni haut, ni bas. Il ouvre un œil, le hublot donne sur la corne de l'Afrique. Vue de très haut.

Son corps veut se libérer, la ceinture l'empêche de dériver.
La cabine du jet air-espace est spacieuse. Sur l'un des larges fauteuils : Adrian Larocque.
— Je n'imaginais pas te revoir dans cette vie, Aaron.
— Tout est fini.
Le sourire d'Adrian s'affiche en démenti. Sa gorge s'assèche.

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82. BUS-1

Plongée dans le noir, s'aidant de ses mains, Tammy longe le moyeu, jusqu'au nœud d'arrimage. Elle glisse lentement à travers le collier reliant BUS-1 au vaisseau mercenaire.
— Je suis là ! crie-t-elle alors que retentit l'alarme du chrono.
Le sas s'ouvre. Baker tient Viola contre lui, l'acier de son arme contre sa peau si douce.
— T'as quelque chose pour moi, lance-t-il.
Elle se touche le front :
— Tout est là.
Sa bouche s'étire.
— Libère-les et je viens.

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83. Orbite terrestre

— Frank a toujours été le plus intelligent, commence Adrian.
Aaron acquiesce, garde la bouche close.
— 2 clés de chiffrement pour accéder à ses secrets, détenus par le père et la fille. À 380 000 kilomètres l'un de l'autre. Futé.
Les réunir, c'est s'assurer la perpétuité des cité-dômes. Un mal nécessaire, selon Adrian, pour la survie de l'espèce.
— Ça te ferait plaisir de revoir ta petite Tammy ?
Sa gorge se serre. La ceinture l'empêche de bondir.

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84. BUS-1

Se dire au revoir dans un sas... Les lèvres de Viola happent les siennes. Trop brève étreinte. Tammy lui souffle un nom avant la brutale séparation : Lee Jan.
Evans lui adresse un curieux regard. Brett semble las. Les autres, fatigués.

Baker l'installe à bord, regarde son bandage, lui sourit. Son arme touche sa poitrine :
— Et ici, tu sens quelque chose ?
Tammy se maîtrise, son sang bouillonne.
Un chuintement, une embardée, le vaisseau se libère. Pas elle.

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85. Navette

Tammy observe Baker, ses gestes, son langage. Ceux d'un mercenaire. En apesanteur dans le cargo, il est aussi à l'aise. Il se propulse vers elle.
— Vous ignorez ce qu'il y a dans ce BackUp, pas vrai ? lance-t-elle.
— La seule chose qui compte c'est le paiement.
Elle sourit :
— Je suis certaine que votre employeur vous roule dans la poussière de lune.
— Explique.
— Ce que ce BackUp contient vaut plus. Et je connais des gens prêt à faire monter les enchères.

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86. BUS-1

Viola panique. Sans sa moitié, la vie est... vaine. Evans la presse :
— Qu'est-ce qu'elle fout d'après toi ?
Lee Jan. Son amante a un arrangement avec les Chinois. Elle fuit le réfectoire, traverse le moyeu, jusqu'aux afficheurs revenus à la normale, comme la station.
Elle prononce le nom, valide.
Une liaison se met en place avec Tycho. Une homme en uniforme apparaît :
—Je vous en prie, on a besoin d'aide. Tammy est...
Il la coupe :
— On est au courant.

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87. Navette

Pour gagner la Terre, les lois de la mécanique imposent un tour de Lune. Un délai. Quelques heures pour convaincre.
— Les Chinois ? fait Baker, hameçonné par la perspective financière.
Puis, il la menace, l'acier de son arme contre sa joue.
— T'essayerais pas de m'embobiner ?
— Ouvrez une liaison avec Tycho, demandez Jong-Un. Et dites Frank Pelosi.
— Frank Pelosi ?
Elle le fixe, déterminée :
— C'est le porteur du BackUp, un ami de feu mon père. Un génie.

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88. Tycho

Tycho, ville-dôme. Les arches aériennes soutiennent un nano-verre auto-réparateur qui couve 5000 sélénites. Chinois pour la plupart. Des réfugiés climatiques fortunés, des militaires, des scientifiques. Avant-garde ou arrière cours d'une Terre agonisante, difficile à établir.

Lee Jan l'avait abrité pendant six mois. Bien assez pour attirer l'attention sur elle, noire et handicapée.
Dont celle de Jong Un, toujours en quête d'exotisme. Et de profits juteux.

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89. Navette

Jong-Un n'a pas changé. À un sixième de la gravité terrestre, son corps obèse possède néanmoins la souplesse d'une danseuse pékinoise.
— Tam ! Ça fait un sacré bail.
Les banalités durent jusqu'à ce que Baker entre dans le champ.
— T'as des ennuis ma belle ?
Jong à de l'instinct pour ces choses.
— Tu veux toujours gagner du fric ?
— Je veux ! fait-il de ses yeux gourmands.
— Alors il faut d'abord en dépenser. J'ai Frank Pelosi.
— Qui ça ?
Baker s'en amuse.

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90. Tycho

Jong-Un marchande des infos, des données. Il vend, achète et il renseigne. À Tycho, sa protection est nécessaire à la survie. La refuser, c'est s'exposer aux ennuis. D'autant plus quand sa couleur de peau et le handicap la marquent comme autant de cercles sur une cible.
En refusant la protection, Tammy a été la cible de sa colère. Lee Jan l'a donc mise en sécurité sur BUS-1.
Une solution satisfaisant toutes les parties et préservant les honneurs bafoués.

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91. Navette

Ferrer Jong-Un, c'est la partie facile. Baker et lui finissent par établir un dialogue. Un nom émerge : Larocque.
Le malfrat de Tycho s'en amuse :
— Ce chien galeux d'Adrian Larocque est toujours sous son foutu dôme à Paris ?
Baker le confirme.
— Si le back-up de Frank Pelosi contient ce que je pense qu'il contient, je t'en offre le double.

Tammy n'ose pas sourire, mais son cœur bondit. Baker ajourne l'insertion sur la trajectoire de retour vers la Terre.

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92. Terre

Aaron regarde tournoyer le gobelet que vient de frapper Adrian. La liqueur forme des bulles marrons en suspension et l'habitacle résonne de sa colère.
— Baker, espèce de salopard !
La Lune se trouve hors de portée du jet air-espace. Larocque est hors course.

— Karen, dit-il alors, passez-moi Tycho. En urgence.
Ou pas.
Les griffes d'Adrian peuvent-elles atteindre la Lune ?
— Colonel Lee, comment allez-vous ?
Aaron réprime un tremblement. Tammy est en danger.

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93. Navette

Un vaisseau quitte Tycho, chargé d'une palette de Yuans et de Jong-Un.

Tammy perçoit l'étincelle, un éclat renvoyé un hublot de BUS-1.
La station va servir de terrain neutre. Enfin, pas si neutre. C'était le seul moyen de revenir. Vers Viola.
Baker la fixe :
— Si ça foire, on liquide tout le monde. Je me garderai ta copine. Pour le plaisir.
— C'est ce qui était prévu, non ?
Il se renfrogne. Elle a vu juste.

Le vaisseau approche et en douceur, s'amarre.

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94. BUS-1

Face à Evans, Baker brandit un argument de poids: son arme sur la tempe de Tam.
— J'ai encore besoin de votre station, dit le mercenaire. Pour affaires.
Le patron n'a pas le choix. Ses yeux brillent d'une colère retenue. Tam ne voit pas Viola. Elle lance un regard interrogatif à Evans. Qui l'ignore. Où est Viola ?

Evans, Brett, les autres sont conduits au réfectoire et enfermés.
—Jong-Un arrive dans 4 heures Une idée pour tuer le temps ? lui demande Baker.

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95. Terre

Le cutter de la sécurité spatiale chinoise s'accouple au jet de Larocque. Le transfert dure quelques minutes, puis le vaisseau met le cap sur la Lune. La poussée du ramjet lui expédie l'équivalent d'un coup de pied au derrière.

Si Adrian peut faire venir un cutter de la SSC depuis la Lune alors son bras s'est sacrément agrandi depuis.
— On dirait que tu vas la revoir plus vite que prévu, annonce-t-il.
Au moins, vous pourrez vous dire au revoir cette fois.

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96. BUS-1

Dans sa combinaison, Jong-Un ressemble à une baleine flottante. Un cétacé plein aux as. C'est tout ce qui intéresse Baker.
Tammy assiste à la négociation. Avec ce qu'elle a dans la tête, elle fait partie du deal.
— Maintenant, tu m'appartiens, sourit la baleine.
Baker ne perd pas le nord, même en apesanteur.
— Le fric ?
La palette flotte devant ses yeux avides.

Puis, elle explose en millions de confettis qui emplissent le moyeu. Tammy détale au premier tir.

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97. BUS-1

Le chaos, les ordres hurlés, les éclairs... Les alertes hurlent, l'air siffle. Le coude de Tammy frappe la commande d'une porte étanche, isolant les les hommes de Baker et de la baleine qui s'affrontent dans une féérie de confettis.

Tammy file vers le réfectoire. "J'arrive, Viola", murmure-t-elle, le souffle court.
La gravité de la roue la cloue au plancher. Elle rampe vers une porte bloquée où Brett, Evans, les autres sont enfermés.
Viola n'est pas là.

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98. BUS-1

Son doigt glisse sur la silhouette de Viola à l'écran. Elle discute avec Lee Jan. Son équipe d'intervention progresse vers le moyeu.
— Sors nous d'ici ! braillent Brett et Evans.
Tammy se traîne. Foutues jambes ! Foutue gravité ! Foutu mécanisme. La porte n'obéit plus.
— Viola a appelé Lee Jan, ils sont arrivés juste avant, dit Brett.
Une bonne chose, songe-t-elle.

Un braillement émerge du tunnel menant au moyeu.
— Tam, Tam, Tam... T'es où? Salope !
Baker !

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99. BUS-1

Tammy rampe ce qui amuse Baker.
— Te voilà !
Il lui saisit la cheville et tire, le coup dans l'estomac la plie en deux.
— Là au moins, tu sens quelque chose.

De l'autre côté de la porte, ses collègues affichent des mines horrifiées.
Baker s'assit sur elle, le canon du flingue glisse sur sa peau.
— Tu as été vilaine avec moi, Tam, Tam.
Elle serre les dents, mais impossible de se dégager. Baker la fixe d'un regard mortel. Elle sent son souffle, sa haine.

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