#MercrediFiction

Luc Didry
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mercredi 12 septembre 2018 09:55:19

— Patron ! Encore un ! Une femme cette fois.
— Bordel ! C’est le cinquième meurtre depuis le début du mois ! Toujours en plein Châtelet – Les Halles ?
— Toujours, oui…
— Pas de témoins ?
— Si, mais à prendre avec des pincettes : le gars dit qu’il a vu un monstre avec des cornes.
— Bon, trouve-moi un plan de Châtelet, on va ratisser la gare, encore une fois. Et pas un plan pour touriste ! Cherche-moi les plans d’architecture, il y a peut-être des recoins non répertoriés.

— Voilà chef ! Le service des archives de la ville vient de nous l’envoyer.
— Voyons ça… Raah, quel labyrinthe, c’est infernal ! Mais ? T’es sûr que c’est le bon ? C’est pas le bon nom.
— Oui, oui, chef : l’architecte originel voulait donner son nom à la gare, mais ça a été refusé.
— Je comprends, ça aurait fait bizarre, « Châtelet – Dédale »…

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lundi 3 septembre 2018 11:16:07

— Dis donc… T'as toujours rien fait mercredi.
— Bah…
— Encore ton imagination ?
— Bah oui. Elle m’a présenté un arrêt de travail pour maladie. Tu voulais que je fasse quoi ? J'allais quand même pas la faire bosser quand même !

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jeudi 23 août 2018 13:16:24

— Mais ? T’as encore rien fait hier ?
— C'est toujours la faute à mon imagination. Maintenant qu'elle a obtenu les jours fériés, son syndicat l'a encouragée à exiger des congés payés.
— Ben dis donc… j'espère que ça va pas te poser trop de problèmes.
— T'inquiète, comme elle est loin de bosser à plein temps, j'ai réussi à limiter les dégâts : elle n'a qu'un seul jour de congé par an.

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jeudi 16 août 2018 09:40:39

— Bah alors ? T’as rien fait hier ?
— Plains-toi à mon imagination. Elle a fait valoir ses droits : elle ne veut pas travailler les jours fériés. Et elle m’a menacé d’une grève illimitée et sans préavis si j’essayais de la forcer.
— …
— Elle a même pris sa carte à la CNT, j’ai pas fait le malin et je lui ai foutu la paix.

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mercredi 8 août 2018 22:13:06

Son plan était parfait. Plaçant ses hommes dans les différentes strates du pouvoir au fil des années, il avait mis à exécution son dessein machiavélique.
Son seul défaut était le temps considérable que cela prendrait, mais d'ici soixante ans, l’ordre économique mondial devrait s’effondrer, les rapports de force, s’inverser et le capitalisme, sombrer.
Tout ses machinations tenaient en un seul mot, magnifique entre tous : « Éducation ».

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mercredi 1 août 2018 22:01:15

Lors du grand effondrement et des massacres qui en résultèrent, les riches ne s’étaient pas enfuis sur des îles artificielles.
Non, ils avaient préféré se terrer sous terre, dans de gigantesques villes souterraines, qui les préservaient à la fois du réchauffement climatique et de la fureur de ceux qu’ils dominaient autrefois.

Mais vivre en espace clos comportait toujours des risques. Aussi inventèrent-ils des histoires effrayantes sur le peuple vivant dehors pour couper toute envie à leurs enfants de s’aventurer hors de la sécurité de leurs bunkers souterrains.

Ils ne savaient pas que leurs caches avaient été repérés et que l’attaque était imminente… Celle-ci eut lieu la nuit et resta dans la mémoire des survivants des sous-sols comme la nuit des Hors-vivants.

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mercredi 25 juillet 2018 23:57:55

Les espaces boisés diminuaient régulièrement, les éclairages publics, toujours plus nombreux, dispersaient les ténèbres toujours un peu plus chaque jour.
Fait unique dans leur histoire, les Choses de la nuit, qui voyaient leur espace se réduire comme peau de chagrin, tinrent un grand conseil les réunissant tous, de la plus petite fée au roi de l’Ombre, en passant par le plus pitoyable hobgoblin.
Après moult propositions, il fut voté un grand exil.

Les Choses de la nuit iraient se réfugier au sein même des songes des humains. Elles iraient de nouveau instiller la peur du noir au cœur de ceux qui avaient tout fait pour oublier les temps anciens où leurs enfants étaient remplacés par des changelings, où s'éloigner du sentier équivalait souvent à perdre la vie et où la moindre ombre abritait toutes sortes de créatures.
Était-ce une bonne solution ? Fut-elle efficace ? Ma foi… de quand date la dernière fois où vous avez craint une présence dans votre chambre, où vous avez frissonné au détour d’une ruelle sombre ?

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mercredi 18 juillet 2018 23:30:50

Ce nouveau corps était parfait : silencieux, agile, pourvu de griffes acérées, vision nocturne… Le corps parfait pour un prédateur tel que lui. Lui qui ne croyait en aucun dieu avait été gâté par la réincarnation ! Lui qui croyait que ses meurtres sanguinaires s’arrêteraient avec sa vie sur la chaise électrique.
Il s’approcha du lit de sa prochaine victime, se pencha vers elle…
— Aïe, merde !
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— C’est encore ce con de chat qui m’a griffé !

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samedi 14 juillet 2018 18:15:33

— Dis pépé, c’était comment avant, quand t’étais jeune ?
— Ah, les enfants, c’était pas drôle cette époque… Les gens étaient toujours pressés, couraient tout le temps pour être à l’heure, achetaient toujours plus de choses.
— Ils ne se contentaient pas de ce qu’ils avaient ?
— Eh non. Pire encore, ceux qui avaient le plus de choses en voulaient encore plus que tous les autres réunis ! Toujours plus, toujours plus vite.
— Comment ça s’est arrêté ?
— Il paraît que quelques personnes se sont rebellés. Ils ont commencé à rendre leur travail en retard, ils n’arrivaient plus à l’heure au travail. Bref, ils prenaient leur temps.
— Comme aujourd’hui ?
— Pas autant non, mais ce n’était que le début. Les « ralentisseurs », comme on les appelait alors, étaient plus calmes, plus heureux, et en meilleur santé. Lorsque le mouvement prit de l’ampleur, tout le monde se rendit compte qu’on ne s’en portait pas plus mal, au contraire.
Libérés du culte de l’immédiateté, les gens commencèrent à voir que leur désir de toujours plus n’avait pas besoin d’être assouvi tout de suite… et grâce à ce temps de réflexion, qu’ils n’avaient pas vraiment envie de tout.
— Ça s’est passé rapidement ?
— Oh non, les plus riches n’ont pas voulu se laisser faire, et ont voulu faire respecter leurs cadences infernales.
Heureusement, les personnes qu’ils employèrent pour remplacer les ralentisseurs qu’ils avaient virés prenaient aussi leur temps. Et comme de toute façon, ils vendaient de moins en moins de produits, ils ont fini par ralentir le rythme des usines.
— Et toi, tu étais un ralentisseur aussi ?
— Ma foi, je dois dire en toute modestie que j’ai fait ma part, oui. Il paraît même qu’on veut me donner une médaille pour ça. Je l’attends depuis plus de 10 ans, mais je ne suis pas pressé, ils finiront bien par la fabriquer. Et puis ce n’est pas très grave. Qu’est-ce que je ferais d’une médaille de toute façon ?

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mercredi 4 juillet 2018 23:10:59

— Maman, t'es trop belle ! Aussi belle que le soleil !
— Oh, merci mon cœur… toi aussi tu es très belle. Aussi belle qu'une reine ! Allez Himiko, maintenant, va jouer avec tes petits camarades, moi je vais discuter avec leurs mamans.
— Vous avez bien de la chance d'avoir une fille aussi gentille et mignonne, madame Amaterasu.

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