Dans la vallée

épisode 34

"Il y a quelque chose qui vient vers l'église !" crie Marc à Floralys tandis que les flammes commencent déjà à monter en dessous d'eux. Il leur faut vite quitter le toit. Ils ont à peine atteint la camionnette qu'ils sont entourés par un groupe de zombies en polaires Quechua. Les randonneurs morts-vivants se pressent contre les portières en grognant.
"Démarre !" Hurle Marc à Floralys, tandis que la vitre passager tremble sous les assauts des touristes zombifiés.

ep.33

Floralys s'est éloignée, adossée au clocher, elle refuse d'en voir davantage. Elle ne veut pas savoir. Elle ne veut pas reconnaître les siens dans ces créatures immondes.
Marc, lui, continue de déverser les sacs d'engrais chimiques à l'intérieur de l'église, se félicitant que les légumes d'antan soient moins bio que ne le prétendait le logo sur la camionnette. Il enflamme un tissu imbibé d'essence et le lâche, juste avant d'apercevoir quelque chose qui s'avance sur la route.

ep. 32

"Il a un pied pris dans la corde, c'est en essayant de se dégager qu'il a du faire sonner la cloche. Il...heu..."
Arrivé à ce stade, Marc peine à nouveau à trouver ses mots. Ça peut pas être son fils, il aurait remarqué une chambre d'enfant dans la maison. Mais ça reste un gosse, sûrement un proche. Et Floralys est devenue si pâle qu'elle ressemble à un fantôme dans sa robe blanche ensanglantée. Fait chier, il est pas psy! Est-ce qu'une tape sur l'épaule fera l'affaire ?

épisode 31

Un bras arraché par la chute de la cloche, du sang noir jaillissant de la plaie, la bouche grande ouverte malgré la mâchoire démise, le zombie ne quitte pas Floralys du regard. Il a une rose piquée dans son veston. Les pétales ont fané mais la fleur est restée en place. Du haut du clocher, la jeune femme ne parvient pas à détourner les yeux.
"Je suis désolé" dit Marc derrière elle en apercevant le petit garçon. Et il lâche le contenu d'un premier sac dans l'ouverture.

épisode 30

Floralys avance prudemment vers le clocher pendant que Marc hisse, un à un, des sacs sur le toit. Les ardoises sont glissantes et ils manquent l'un et l'autre de tomber à plusieurs reprises. Enfin, Floralys parvient à la cloche, dont elle coupe la corde. Celles-ci s'écrase avec fracas, plusieurs mètres plus bas, laissant un espace par lequel observer l'intérieur de l'église. Un zombie lève la tête vers elle et la jeune femme étouffe un cri, la main sur sa bouche.

épisode 29

La camionnette aux couleurs de "Jérôme et Floralys, légumes d'antan" dévale la petite route. La lune est cachée par de lourds nuages gris et la vallée baigne dans une obscurité inquiétante, tandis que ne cessent de retentir les cloches. Arrivés devant l'église, Marc et Floralys sortent l'échelle qu'ils ont emportée, la déplient et l'appuient contre le mur. Ils montent sur le toit et perçoivent déjà, en plus des cloches, les râles des zombies à l'intérieur.

épisode 28

"Arrêter les clefs cloches ?"
Marc hoche la tête.
"Les zombies ne sont pas très malins, mais s'il y a un truc qu'ils ont pigé c'est que là où il y a du bruit, généralement, il y a de la bouffe. Et la bouffe...
- C'est nous. Ça va, j'ai pigé."
Il faut agir vite. Jusqu'où peut-on entendre ces cloches ? Toute la vallée ? Au-delà ? La priorité​, c'est de les arrêter. Marc et Floralys entassent armes et matériel à l'arrière d'une vieille camionnette et foncent vers l'église.

épisode 27

Floralys se précipite à la fenêtre. Mais la nuit est tombée et la vallée est plongée dans l'obscurité.
"Les cloches ! Il doit y avoir un survivant, quelqu'un essaie d'attirer notre attention !
- Un survivant? Au bout d'une semaine dans une église remplie de zombies ? Sérieusement ?
- Peut-être... Peut-être qu'il s'est caché..."
Marc se contente de secouer la tête.
"La question n'est pas de savoir comment les cloches se sont déclenchées, mais comment on les arrête."

épisode 26

"Le chien. Ma tante avait un bichon, Youki. Avec tout ce qui s'est passé, je n'y ai pas pensé. Mais s'il est infecté, ça explique la transformation des chèvres. Il a pu se glisser dans la bergerie et..."
Ça fait un peu beaucoup pour Marc.
"OK. Donc on a une église pleine de zombies et un bichon mort vivant en liberté. Je propose qu'on essaie de dormir et qu'on voit tout ça demain matin."
Sa voix est un peu aiguë. Et il se tétanise tandis que retentissent les cloches.

épisode 25

Putain de vallée! Marc s'est réfugié ici en pensant qu'un coin aussi isolé serait plus sûr. Mais tout ça n'est qu'un sursis finalement.
"Et il y a un autre problème.
- Lequel?
- Si tous les zombies sont enfermés dans l'église depuis une semaine, qui a infecté ta tante, Fifi, les chèvres ?"
Floralys repense à son retour au village, après avoir fermé la porte de l'église. La voiture de Béatrice était là, mais pas de trace d'elle, ni de...
"Oh putain !
- Quoi encore ?"

épisode 24

Ça c'est une bonne question ! Quand ils ont fouillé les maisons du village à la recherche de nourriture, ils ont aussi récupéré tout ce qui pouvait servir d'arme. Ils ont des pelles, des pioches, des haches, un flambadou et deux fusils de chasse, avec suffisamment de munitions pour la prochaine saison. Mais Marc ne veut pas utiliser les armes à feu, à cause du bruit. Quant au reste, c'est loin d'être suffisant pour affronter une centaine de zombies affamés.

épisode 23

"Qu'est-ce que t'as contre la confiture de prunes?
- Je la digère pas. Mais c'est pas la question.
- Et c'est quoi la question ?
- Est-ce qu'on se contente d'attendre et de prier pour que cette foutue porte tienne ou...
- Ou?
- On pourrait prendre les devants. Trouver un truc pour... se débarrasser du problème."
Ce n'est pas vraiment ce que Floralys à envie d'entendre. Ces zombies, ce sont tous ceux auxquels elle a tenu. Mais Marc n'a pas tort.
"Ça serait quoi le truc?"

épisode 22

Cette église pleine de zombies c'est une bombe à retardement. Marc et Floralys le savent tous les deux. Si la porte cède, la vallée cessera d'être le refuge parfait. Ce sera la même merde que partout ailleurs. Certes, pendant les trois jours précédents, ils ont fouillé le village et entassé toutes les réserves de bouffe chez Floralys. Mais s'ils doivent se terrer ainsi, combien de temps tiendront-ils avec des conserves de courgettes et de la confiture de prunes?

ep. 21

Marc écoute Floralys lui raconter comment elle a vu son futur époux se transformer, sa famille et ses amis s'entredévorer, comment elle les a enfermés dans l'église où ils étaient tous rassemblés pour son mariage, comment elle est restée​ seule jusqu'à ce qu'il arrive dans la vallée. La suite, tante Béatrice et Fifi retrouvés zombifiés, tués et enterrés, il la connait. La lourde porte de chêne a tenu toute la semaine. Tiendra-t-elle encore ?
"Qu'est-ce que tu proposes ?"

épisode 20

La porte de l'église. Floralys la revoit, lourde et imposante, parée de lys et de roses pour l'occasion. À l'intérieur toute l'assemblée l'attendait. Jérôme la regardait depuis l'autel, rayonnant. Et elle était là, dans sa robe encore blanche, sans déchirure ni traces de sang, prête à entrer. La musique avait déjà commencé. Puis un cri avait résonné et beaucoup d'autres encore. Ça avait été affreux. même ensuite, après qu'elle ait refermé la porte sur eux.

épisode 19

Floralys arrache des petits bouts de tulle qui pendent de sa robe déchirée. Elle regarde Marc et il remarque qu'elle retient ses larmes.
"112. C'était le nombre d'invités. Si on enlève Fifi et ma tante Béatrice et qu'on ajoute le prêtre et Jérôme, c'est aussi le nombre de zombies dans l'église."
Elle a refait ce petit calcul souvent cette semaine. Et le résultat reste toujours le même.
"Est-ce que la porte est solide?" demande Marc, qui imagine déjà la vallée envahie.

ep.18

"Est-ce qu'ils sont tous...?"
Marc ne trouve pas les mots et Floralys soupire, assise sur le lit dans sa robe de mariée en lambeaux.
"Fifi n'aimait pas trop les églises, il devait nous rejoindre pour le vin d'honneur. Et ma tante Béatrice est arrivée en retard."
Les deux tombes qu'il a fallu creuser. Ce n'est pas ça qui inquiète Marc.
"Et les autres?"
Voisins, famille, amis, un prêtre et le marié, ça peut vite faire du monde. Toute une noce de zombies, ici, dans la vallée.

épisode 17

C'est une question con, il en est conscient. La couronne de fleurs, la robe de tulle blanche. Pas besoin d'être Sherlock Holmes pour en tirer des conclusions. Marc a compris dès son arrivée. Mais comme Floralys ne semblait pas vouloir aborder le sujet, il n'a rien demandé. C'est en comptant les voitures garées sur le parking de la petite chapelle, en contrebas, qu'il s'est résolu à poser la question.
"À ton avis ?" répond-elle, décidée à ne pas lui faciliter la tâche.

épisode 16
Dans la chambre voisine, Floralys allume une bougie. L'eau et l'électricité ne fonctionnent plus. C'est dommage, elle aurait bien besoin de se doucher. De se changer aussi. Elle porte sa robe depuis une semaine. Il lui serait facile de l'enlever et d'enfiler un jean et un t-shirt propres pourtant.
Marc apparaît dans l'encadrement de la porte. Et il pose enfin la question qu'il n'a pas osée poser jusque là.
"Qu'est-ce que tu faisais quand l'épidémie s'est déclenchée?"

ep.15

Marc descend de l'arbre dans lequel il s'était réfugié. Il regarde les chèvres zombies, étalées par terre, et Floralys, sa robe encore plus déchirée et tachée qu'elle ne l'était déjà, la hache à la main. Elle fait clairement la gueule, ce qui ne change pas beaucoup.
"On ferait mieux de rentrer." dit-elle enfin.
Il la suit et ils barricadent la porte ensemble. De l'étage, on peut voir toute la vallée, la rivière, l'église, les champs. La nuit tombe et tout semble tranquille.